essais critiques d'Andrea Zanzotto

Les Parutions

05 juin
2006

essais critiques d'Andrea Zanzotto

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Si Valéry a raison de dire qu'un poète vaudra ce qu'il a valu comme critique, Andrea Zanzotto est l'un des plus grands de l'ère actuelle.
Ses textes sont incroyablement courts, denses, dansés et, la traduction le laisse percevoir (en dépit d'erreurs patentes et de coquilles), en corrélation inventive avec chaque œuvre. Le poète n'a pas besoin de gloser ni de délayer, ses lectures sont taillées avec la même dureté que ses vers si bien que Di Meo peut affirmer dans sa préface qu'...

...un tel travail constitue à l'évidence une part du laboratoire de l'oeuvre dans son ensemble.

Les pages sur Dante peuvent rivaliser avec celles de Mandelstam ou Eliot(mais quel dommage de nous infliger la traduction d'André Pézard, celui qui a empoussiéré la Divine Comédie dans la Pléiade) :

Une implication personnelle dans un climat où les visions étaient monnaie courante devient en effet nécessaire lorsqu'on aborde Dante.

Mais Zanzotto n'aborde pas les auteurs comme le font les universitaires, il les sert puis les serre avec cet amour rageur qui lui offre les secrets dont il a besoin pour vivre autant que pour écrire. Appuyé sur une assimilation lucide et inquiète de sa généalogie (principalement Pétrarque puis Leopardi- Foscolo, repère au Port sur le rapport aux pères), Zanzotto lit ses prédécesseurs, ses pairs et contemporains pour s'ouvrir bien plus au large que la plupart d'entre eux, se frottant davantage à l'altérité : Conrad, Fellini et ...Lacan qui tient seulement des monstres et des spectres en laisses au moyen de ses calembours.Chacune de ses longues phrases avance en posant des images, des allégories ou des métaphores qui contribuent toutes sans exception à lever des surprises vivifiantes ; et il parvient au même résultat lorsqu'il emprunte les voies de l'abstraction, ici à propos de Michaux qu'il vient de figurer comme une sorte d'embrouillamini hargneux ...) :

Mots et signes viennent donc se situer sur un terrain frontalier incertain et ils sont le tracé produit par la friction de deux forces opposées ; ils sont, d'une part, justement lisibles comme des éléments distordus depuis le néant, ils en signalent la présence, y font allusion, et, de l'autre, ils se profilent comme les formules, momentanément seyantes, qui l'ont tenu en échec.

Mais une compréhension aussi profonde n'exclut pas la pique :

Se voulant instrument de recherche, sondeur de l'humain aux limites de l'humain, Michaux a su vraiment se mettre à la page.

Un travail d'élucidation, qui jette d'exaltantes lumières sur les formes, les contenus et les déterminismes contextuels puis les relie dans le même geste, éblouissement et connaissance.
Le commentaire de sitaudis.fr traduits de l'italien et présentés par Philippe Di Meo
éditions Corti
316 p.
19 €
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